Un feed qui élève au lieu de captiver : utopie ou nouveau standard
On a tous vécu ça : ouvrir une app “pour deux minutes” et se retrouver 40 minutes plus tard, rincé, scroll encore actif, cerveau passif. Le feed t’a happé. Pas parce qu’il est intelligent, mais parce qu’il est conçu pour ça. Et si on osait une autre question : et si un feed pouvait nous élever au lieu de nous aspirer ?
🔄 Le problème n’est pas le feed. C’est ce qu’on en a fait.
À l’origine, un feed est un outil de découverte. Il est censé t’aider à explorer. Aujourd’hui, il est devenu une boucle de rétention. L’objectif n’est plus de te faire découvrir, mais de te faire rester. Chaque interaction est mesurée, A/B testée, optimisée… pas pour toi, mais pour la plateforme.
Ce n’est pas un hasard si les feeds qui fonctionnent le mieux sont aussi ceux qui provoquent le plus d’addiction, de comparaison, d’anxiété.
🧭 Imaginer un feed plus humain
Un feed éthique ne serait pas une liste infinie de contenus triés par dopamine. Ce serait un espace de curation active, de friction choisie, et de transparence.
- 📅 Mode chronologique : tu vois ce que tu suis, dans l’ordre. Point.
- 🎯 Mode “objectif” : tu choisis un thème ou une compétence, et le feed te guide dans cette direction.
- ⏱ Mode “limité” : tu ne peux consommer que X contenus par jour, volontairement.
- 🧩 Mode “deep dive” : au lieu de te disperser, le feed creuse un sujet sur plusieurs posts.
Ce genre de feed ne flatte pas juste l’instant. Il construit une trajectoire. Il respecte ton attention. Et surtout : il t’aide à sortir meilleur que tu n’es entré.
🚧 Les défis d’un tel système
Oui, c’est plus difficile à construire. Oui, c’est moins “scalable” selon les logiques classiques. Et surtout : c’est moins viral. Un feed qui n’injecte pas en continu des micro-chocs émotionnels aura forcément une courbe d’usage plus lente.
Mais cette lenteur est aussi une qualité. Elle crée de la confiance. Elle fidélise différemment. Elle attire un autre type d’utilisateur : plus exigeant, plus engagé, plus curieux.
📊 Quelques principes pour designer un bon feed (sans capturer)
- Transparence de l’algorithme : montrer pourquoi un contenu est là.
- Feedback utilisateur : tu peux affiner le feed avec des signaux explicites, pas juste passifs.
- Pas d’infini par défaut : une pagination volontaire, ou une limite quotidienne.
- Pas de leurres : pas de « contenu recommandé » qui détourne de ton intention initiale.
Un feed intelligent ne te pousse pas à rester. Il te donne envie de revenir — par choix.
🌱 Ce n’est pas de la naïveté. C’est du design exigeant.
Penser un feed qui élève, c’est accepter que l’engagement ne soit pas une fin en soi. C’est privilégier l’utilité, la clarté, la pertinence.
Et ça commence souvent dans des projets indépendants, hors des logiques de buzz. Des espaces éducatifs, collaboratifs, ou spécialisés, où l’objectif n’est pas de maximiser le scroll, mais de déclencher une transformation — même minuscule.
🧠 En conclusion
Non, un feed plus éthique n’est pas une utopie. C’est une autre norme possible. Une norme qui ne sacrifie pas la qualité sur l’autel de la captation.
Si on peut créer des algorithmes capables de prédire nos envies, on peut aussi les orienter vers ce qui nous élève.
Et peut-être qu’un jour, on ouvrira une app… et on en ressortira un peu meilleur.
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